Rencontre du dimanche

Plaisir de faire vivre et partager des textes qui nous plaisent

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Goldoni • Le valet de deux​ maîtres


Goldoni
Le valet de deux​ maîtres


Truffaldin, seul

Je n’en peux plus,
j’en ai par-dessus la tête​ d’attendre.

Avec ce maître qui est le mien,
on mange peu,
et ce peu,
il vous le fait soupirer après.

Il y a une demi-heure que midi a sonné au carillon
mais
il doit bien avoir deux heures qu’il a sonné au carillon de mon estomac.

Si seulement je savais où nous allons loger.

La première chose que font les autres,
dès qu’ils arrivent en ville,
c’est d’aller à l’auberge.

Mais lui,
non !

Il laisse ses bagages à la fontaine,
il va faire des visites 
et il ne pense pas à son pauvre valet !

Quand on nous a dit qu’il faut servir son maître avec amour,
on devrait bien dire
aussi aux maîtres d’avoir un peu de pitié pour leurs serviteurs.

Tiens !

une hôtellerie !

Pour un​ peu,
j’irai voir si dans cette hôtellerie il n’y aurait pas quelque chose à se mettre sous la dent.

Mais
si mon maître me cherche ?

Tant pis pour lui,
ça​ lui apprendra un peu à se conduire de la sorte.

Oui,
je vais y aller…

mais j’y pense… 
il y a une​ petite difficulté :

J’oubliais que je n’ai même pas un
petit sou.

Oh pauvre Truffaldin !