Goldoni
Le valet de deux maîtres
Truffaldin, seul
Je n’en peux plus,
j’en ai par-dessus la tête d’attendre.
Avec ce maître qui est le mien,
on mange peu,
et ce peu,
il vous le fait soupirer après.
Il y a une demi-heure que midi a sonné au carillon
mais
il doit bien avoir deux heures qu’il a sonné au carillon de mon estomac.
Si seulement je savais où nous allons loger.
La première chose que font les autres,
dès qu’ils arrivent en ville,
c’est d’aller à l’auberge.
Mais lui,
non !
Il laisse ses bagages à la fontaine,
il va faire des visites
Mais lui,
non !
Il laisse ses bagages à la fontaine,
il va faire des visites
et il ne pense pas à son pauvre valet !
Quand on nous a dit qu’il faut servir son maître avec amour,on devrait bien direaussi aux maîtres d’avoir un peu de pitié pour leurs serviteurs.
Tiens !
une hôtellerie !
Pour un peu,
j’irai voir si dans cette hôtellerie il n’y aurait pas quelque chose à se mettre sous la dent.
Mais
si mon maître me cherche ?
Tant pis pour lui,
ça lui apprendra un peu à se conduire de la sorte.
Oui,
je vais y aller…
mais j’y pense…
il y a une petite difficulté :
J’oubliais que je n’ai même pas un
petit sou.
Oh pauvre Truffaldin !